lundi 7 septembre 2009

Crise collective et écriture romanesque chez Julien Gracq

Auteur PERRIN Dominique
Titre Crise collective et écriture romanesque chez Julien Gracq
Other title Julien Gracq : Political Crisis and fiction writing
Directeur DEBREUILLE Jean-yves
Jury GELAS Bruno
Jury DEBREUILLE Jean-yves
Jury MASSON Pierre
Jury MURAT Michel
Diplôme Doctorat Nouveau Régime
Discipline Lettres et arts
Université Université Lumière Lyon 2
Ecole doctorale Humanités et Sciences Humaines
Faculté Faculté des Lettres, des Sciences du Langage et Arts
Soutenance 2006-11-16
dc:type Thèse de Doctorat Nouveau Régime
Résumé L’œuvre de Gracq affirme clairement sa littérarité - par opposition à d’autres types de productions langagières et textuelles - et son indépendance - par opposition à une logique dite de marché. Le problème global que pose le processus de sa consécration est celui du sens et de la portée de cette affirmation d’autonomie : quelle conception de la littérature, quelles valeurs et quel rapport au collectif recouvre t elle effectivement ?
Restituer son contexte historique à la production fictionnelle et prendre en compte l’ensemble des interventions publiques de l’écrivain, en particulier ses entretiens, permet d’interroger la représentation ambiguë d’une grande œuvre « étrangère à son temps » et plus généralement le mythe de l’intellectuel « insituable ». Le retour sur la biographie intellectuelle et sensible de Julien Gracq rappelle qu’il entre en littérature dans le contexte d’une crise politique qui affecte, avec l’installation de l’hitlérisme en Allemagne, l’idée même de société (Partie I). Entre 1936 et 1939, la prise de conscience touchant au caractère catastrophique de la situation politique européenne n’influence pas seulement l’engagement de Louis Poirier au Parti communiste : le sentiment exacerbé de l’ampleur de la crise collective préside à l’invention même de « Julien Gracq » (Partie II), et par là à l’ensemble de la production romanesque (Partie III).
Sumary The works of Julien Gracq claim their belonging to the sphere of literature - in opposition to other forms of expression and writing - and their independance from the law of the market. Our purpose is to fully understand the range of this claim of independance through a series of questions : what would be Gracq’s definition of literature ? What values and what kind of relationship to society are induced by this particular definition ?
In order to answer those questions the present essay particularly focuses on the writer’s speeches and interviews and tries to explore the historical context of his creation. The rise of fascism in the 1930ies was to prove of great significance for Gracq, not only as far as his political comittment - in the Communist party - is concerned, but also because it is at the core of his very process of writing. The writing of his novels can thus be understood in the light of his experience of this major crisis in european thought and tends to contradict the established image of a writer whose work would be « out of his time ».
Mots clefs Julien Gracq; réception; Histoire collective; poïétique
Key Word Julien Gracq;reception;collective history;poïetic
Editeur CyberDocs
Format text/xml
Langue fr
Copyright Copyright PERRIN Dominique et Université Lumière - Lyon 2 - 2006.Ce document est protégé en vertu de la loi du droit d'auteur.
Diffusion [intranet]
URI http://demeter.univ-lyon2.fr/sdx/theses/lyon2/2006/perrin_d
Taille 1026526

De Louis Poirier à Julien Gracq.

Collection privée DR



C’est à une véritable enquête que se livre Dominique Perrin dans son récent ouvrage intitulé De Louis Poirier à Julien Gracq. Le titre en lui-même dessine une trajectoire qui conduit de l’homme à l’auteur : c’est dans cet espace de dédoublement que la critique tente de cerner ce que l’auteur doit à l’homme en cherchant à élucider ce qui a présidé à la naissance de l’écrivain majeur qu’il est devenu.

Après une longue introduction qui parcourt l’ensemble de la critique gracquienne pour en donner un état des lieux, l’ouvrage se dessine en trois étapes successives visant à résoudre l’énigme qui relie « l’instance civile » à « l’instance poétique ». Le préambule se concentre sur le motif qui cristalliserait les enjeux de cette métamorphose, à savoir le « fragment Fest », point de départ d’une investigation chronologique, de la « formation de l’écrivain » (première partie), à « l’énigme » des « débuts littéraires » (deuxième partie), pour mieux conduire à « la question du rapport à l’Histoire collective » (troisième partie).

Le vaste préambule s’intéresse donc au fameux « fragment Fest », situé et mis en perspective par rapport à l’œuvre et au discours critique : s’y lisent les rapports étroits qui lient Louis Poirier au contexte historique de la montée de l’hitlérisme, le climat de cette période de tensions informant le propos et l’élan créateur de Julien Gracq. Le « fragment Fest » constitue ainsi la métonymie fertile du projet critique de Dominique Perrin, celui de la rencontre et de la constitution du « sujet poétique » Gracq sous l’influence d’une « crise collective ».